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Plan Gaza de Washington : Un Mauvais Coup de Com' ?

Depuis quelques jours, les États-Unis tentent d'imposer leur vision pour l’après-guerre à Gaza, en proposant un plan censé garantir la reconstruction et la stabilité de l’enclave palestinienne. Mais derrière cette initiative, qui se veut diplomatique et humanitaire, se cache une stratégie qui soulève de nombreuses interrogations. S’agit-il d’une véritable solution, ou d’un simple coup de communication mal calculé ?

 

Un plan aux contours flous

 

Le "plan Gaza" des États-Unis, dévoilé récemment, repose sur plusieurs axes : la reconstruction, la gouvernance post-Hamas et un cessez-le-feu durable. Washington met en avant la nécessité de rétablir l’Autorité palestinienne (AP) dans la bande de Gaza et d’encourager une normalisation entre Israël et les pays arabes.

 

Toutefois, ce projet est rapidement apparu comme bancal. D’abord, il a été présenté alors que les bombardements israéliens se poursuivent, rendant toute discussion sur un avenir pacifié irréaliste. Ensuite, la mise en avant de l’AP comme acteur central ne convainc ni la population palestinienne ni certains États de la région, qui voient en Mahmoud Abbas un dirigeant affaibli et dépassé.

 

Un timing désastreux

 

Le contexte actuel rend ce plan d’autant plus contestable. Les États-Unis, principal allié d’Israël, continuent de lui fournir un soutien militaire massif tout en essayant de se positionner en médiateur. Cette posture est perçue comme hypocrite dans de nombreux pays, notamment dans le monde arabe, où Washington est accusé de complaisance avec la politique agressive de Tel-Aviv.

 

De plus, l’annonce de ce plan intervient alors que le sentiment anti-américain monte en flèche, en raison des images de destruction et du nombre croissant de victimes civiles à Gaza. Washington semble donc envoyer un message contradictoire : parler de paix tout en armant l’un des belligérants.

 

Une réception mitigée

 

L’accueil du plan a été globalement tiède. Si certains alliés des États-Unis, comme l’Union européenne, ont salué l’initiative, d’autres acteurs, notamment les pays du Golfe et l’Égypte, restent sceptiques. Israël, de son côté, continue de rejeter toute idée de cessez-le-feu sans "éradication totale" du Hamas, rendant l’application du plan très incertaine.

 

Côté palestinien, l’idée d’une transition menée par l’Autorité palestinienne ne suscite pas d’enthousiasme. De nombreux habitants de Gaza et de Cisjordanie considèrent l’AP comme corrompue et inefficace. De plus, le Hamas reste une force incontournable, même affaibli, ce qui complique toute tentative d’exclusion de l’équation.

 

Un coup de com’ à double tranchant ?

 

À première vue, ce plan semble être une tentative de Washington pour redorer son image face aux critiques internationales. Joe Biden, en pleine année électorale, est sous pression, notamment de l’aile progressiste de son parti qui dénonce son alignement sur Israël. En lançant une initiative diplomatique, il tente de montrer qu’il agit en faveur d’une solution.

 

Cependant, cette stratégie pourrait se retourner contre lui. Un plan jugé irréaliste et déséquilibré ne convaincra ni les Palestiniens ni l’opinion publique internationale. Si ce projet échoue, il risque de renforcer l’image d’une Amérique inefficace et déconnectée des réalités du terrain.

Auteur 

Mayeul BERETTA 

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