Les mots que nous utilisons dans nos interactions quotidiennes peuvent avoir un impact profond, qu'il soit positif ou négatif. Lorsque nous parlons avec ou de personnes en situation de handicap, il est essentiel de choisir nos mots avec soin. Certaines expressions courantes peuvent être perçues comme offensantes, blessantes ou stigmatisantes, même si elles sont dites sans mauvaise intention. Voici un guide pour identifier et éviter ces termes, afin de contribuer à une communication plus respectueuse et inclusive.
1. Les termes péjoratifs ou désuets
Certains mots, bien qu’ils aient été couramment utilisés dans le passé, sont aujourd’hui perçus comme dévalorisants ou inappropriés :
"Infirme" : Ce terme est souvent considéré comme dépassé et réduit la personne à son handicap. Préférez "personne en situation de handicap".
"Handicapé" (employé seul) : Il est préférable de parler de "personne en situation de handicap", car cela met l’accent sur la personne plutôt que sur sa condition.
"Débile" ou "mongolien" : Ces termes sont insultants et stigmatisants. Leur usage est inacceptable, même dans un contexte humoristique.
2. Les expressions qui minimisent ou invisibilisent la réalité du handicap
Certaines expressions banales peuvent sembler inoffensives mais reflètent une incompréhension ou une minimisation des défis auxquels les personnes en situation de handicap sont confrontées :
"Courageux" ou "inspirant" (automatiquement associé à leur handicap) : Bien que souvent dit avec de bonnes intentions, ce genre de compliment peut être condescendant. Les personnes en situation de handicap ne cherchent pas toujours à être vues comme des héros ; elles veulent être traitées comme tout le monde.
"Condamné à un fauteuil roulant" : Cette phrase est dramatique et dévalorisante. Utilisez plutôt "personne qui utilise un fauteuil roulant".
"Malgré son handicap" : Cette expression sous-entend que le handicap est un obstacle insurmontable. Préférez des formulations neutres comme "avec son handicap".
3. Les stéréotypes et généralisations
Les personnes en situation de handicap forment un groupe diversifié, et les stéréotypes les enferment dans des rôles rigides :
"Ils" ou "les handicapés" : Ces généralisations déshumanisent. Parlez des personnes de manière individuelle ou en mettant l’accent sur leur rôle spécifique (collègue, étudiant, etc.).
"Ils ne peuvent pas faire ça" : Les capacités varient d’une personne à l’autre. Évitez les présupposés.
4. Les expressions maladroites ou non réfléchies
Certaines phrases, bien qu’apparemment anodines, peuvent être maladroites :
"Tu es normal(e)" : Cette phrase suggère implicitement que la personne en situation de handicap ne l’est pas.
"Je ne vois pas ton handicap" : Bien qu'intentionnée, cette phrase peut nier une partie importante de l'identité de la personne.
"C'est un peu débile, non ?" : L'utilisation de termes comme "débile" dans un langage courant peut être blessante, même si cela ne vise personne en particulier.
Vers un langage plus inclusif
Pour promouvoir un langage inclusif, il est utile d’adopter quelques principes simples :
Mettre la personne avant tout : Parlez de "personne en situation de handicap" au lieu de définir quelqu'un par son handicap.
Écouter et apprendre : Chaque personne a ses préférences en matière de langage. Posez des questions si vous n’êtes pas sûr.
Utiliser un langage neutre : Optez pour des termes descriptifs sans connotation négative.
Éviter les jugements implicites : Par exemple, au lieu de dire "Il souffre d’un handicap", préférez "Il vit avec un handicap".
Conclusion
Adopter un langage respectueux et inclusif n’est pas seulement une question de politesse, c’est une manière de reconnaître la dignité et la valeur de chaque individu. En bannissant les termes inappropriés et en choisissant nos mots avec soin, nous contribuons à créer une société plus équitable et bienveillante. Le langage est un outil puissant : utilisons-le pour inclure, et non exclure.
Auteur
Mayeul BERETTA
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