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Reportage sur l’autisme : Une visibilité médiatique en évolution

L’autisme et les médias : Un historique de perceptions fluctuantes

Historiquement, la couverture médiatique de l’autisme a souvent été teintée de malentendus et de préjugés. Un exemple marquant est l'article controversé de 1998, rétracté en 2010, qui établissait un lien erroné entre la vaccination contre la rougeole et le développement de l’autisme (Clarke, 2011).

Cette incompréhension a longtemps dominé les représentations médiatiques.

Cependant, ces dernières années, on assiste à une évolution positive.

De plus en plus de personnes autistes deviennent des figures médiatisées, contribuant à changer les mentalités. L’écrivain et journaliste américain Steve Silberman, dans son ouvrage NeuroTribes: The Legacy of Autism and the Future of Neurodiversity, met en lumière cette évolution.

Des personnalités comme Greta Thunberg, qui qualifie son autisme de « cadeau » en raison de son engagement passionné pour les changements climatiques, en sont de parfaits exemples.

La représentation médiatique de l’autisme : Un enjeu crucial

La représentation médiatique de l’autisme est essentielle car elle reflète et influence les perceptions sociales. Walh (1995) souligne que la majorité des connaissances sur les handicaps provient des médias, qui façonnent les opinions publiques. Dans son ouvrage Media Madness, Walh explique que les médias influencent les associations entre les handicaps et des notions comme la dangerosité ou la compétence, affectant ainsi le comportement du public à l’égard des personnes handicapées. Il est crucial de se pencher sur l’utilisation de termes péjoratifs et les causalités non fondées, et de promouvoir davantage de voix autistes dans les médias.

Termes péjoratifs : Un obstacle à la compréhension

Malgré la présence croissante de leaders autistes dans les médias, l’utilisation de termes péjoratifs reste un problème. Rousselin (2019), dans son analyse de corpus et ses entretiens, illustre comment les contenus médiatiques stigmatisants sont perçus par les personnes autistes. Par exemple, Alex Forshaw, dans son blog My Autistic Dance, critique l'utilisation du terme "autistic" par le journaliste George Will pour décrire l’impertinence de Donald Trump, transformant ainsi une différence cognitive en insulte (Forshaw, 2017).

Des cas similaires se produisent dans les médias québécois. Un article de Radio-Canada en 2020, par exemple, associe le terme "autisme" à une attaque meurtrière, influençant négativement la perception de ce diagnostic. L’association Autisme Canada s'inquiète des répercussions potentielles sur l’opinion publique, soulignant que de telles représentations contribuent à la stigmatisation des personnes autistes

Causalités non fondées : Une représentation biaisée

Rousselin (2019) a également mis en évidence les causalités non fondées dans les médias. Un titre sensationnaliste du Daily Mirror en 2015, « Killer pilot suffered from depression », suggère sans preuve que la dépression du pilote a causé une tragédie aérienne. De tels titres renforcent les stéréotypes sur les troubles mentaux.

Cette tendance est également observable dans les médias québécois. Un article du Journal de Québec de 2020 mentionne un « jeune autiste accusé du meurtre de sa mère », induisant une causalité entre l’autisme et les actes criminels. Une telle approche sensationnaliste nuit à une compréhension nuancée de l’autisme.

La nécessité de voix autistes dans les médias

Jennifer Sarrett (2011) a étudié la représentation des personnes autistes dans les médias entre 1960 et 2010, identifiant deux courants principaux : une image statique et médicale versus une narration centrée sur le vécu des personnes autistes. Cependant, la deuxième approche est sous-représentée.

Pour améliorer la compréhension de l’autisme, il est crucial d’intégrer davantage de voix autistes dans les médias. Durbin-Wesby (2010) souligne le manque de représentation directe des personnes autistes, ce qui perpétue les fausses perceptions. Les médias devraient donc consulter directement les personnes autistes et inclure leurs perspectives dans leurs reportages.

   Vers une représentation authentique et inclusive

La représentation de l’autisme dans les médias joue un rôle crucial pour sensibiliser le public et promouvoir l’inclusion. En exposant les réalités de l’autisme, les médias permettent une meilleure compréhension de cette condition neurodéveloppementale. Ils ont le pouvoir d’éduquer le public, d’encourager l’empathie et l’acceptation, et de briser les stéréotypes et préjugés souvent associés à cette condition.

Il est essentiel que les personnes autistes puissent s’exprimer dans la représentation médiatique de l’autisme. Leurs voix offrent une perspective authentique et nuancée, évitant une vision monolithique de l’autisme. Un exemple notable de représentation réussie est le film Le Goût des merveilles, qui met en lumière un personnage autiste sans céder aux clichés habituels.

Une représentation authentique, diversifiée et respectueuse de l’autisme dans les médias est essentielle. Cela favorise une meilleure compréhension du spectre autistique et contribue à créer une société plus inclusive pour tous. 

Les médias ont enfin la possibilité de représenter l’autisme avec autant de précision que les prévisions météorologiques.

Auteur

Mayeul BERETTA

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